Le Quality Engineering démystifié

Le Quality Engineering démystifié avec Antoine Craske – 11/10/2022

Vous pensez connaître le Quality Engineering ?

Ce Werin Live bousculera vos certitudes !

Une rencontre entre Jean-François FRESI, Directeur du Pôle Conseil et de l’Offre de Service chez WERIN GROUP, et Antoine CRASKE Directeur de l’architecture et de la transformation chez LA REDOUTE, Fondateur de la communauté QE Unit, et Co-créateur de Cerberus Testing.

Lors de ce live, nous évoquerons les motivations du Quality Engineering, les questions de mise en place et pourquoi nous partageons cette vision.

Les Werin Live, qu'est-ce que c'est ?

Le concept de ce Live est un peu particulier car pas de présentation Powerpoint ni de démonstration ni de retour d’expérience mais une discussion à laquelle nous vous invitons à participer par chat avec notre invité du jour.

Nous tâchons de répondre aux questions au fur et à mesure de nos échanges et si nous n’avons pas le temps d’y répondre pendant le live, nous y répondrons par la suite via Linkedin et notre blog.

La durée de nos Werin Lives est de 30 minutes et ils auront lieu tous les deux mois.

Nos Werin Lives sont enregistrés et sont disponibles en replay et en podcast.

Le résumé de nos échanges

Antoine, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Antoine : Je pense qu’il y a un premier point qui peut faire la différence: je fais ce que j’aime, donc je n’ai pas forcément l’impression de travailler. Donc je pense que ça, ça m’aide à travailler plus longtemps et plus efficacement. C’est vraiment quelque chose d’important peu importe ce qu’on fait, et de définir des priorités et savoir faire des sacrifices. Donc dans les priorités. Pour moi, il y a surtout à savoir ce qu’on ne veut pas faire, ce qu’on a tendance à trop en faire et perdre le focus.

C’est encore quelque chose que je dois travailler aujourd’hui et dès fois il faut prendre sur son temps personnel pour faire les choses qu’on aime vraiment. C’est aussi un choix, un choix personnel et parce que ça rejoint la notion de passion et de motivation. Et après, c’est qu’il faut, je pense, apprendre et s’améliorer en continu.

Je pense qu’il faut vraiment savoir mettre les fondations, mettre en place des processus, des bonnes habitudes et ça revient à l’autre sujet de traiter les bonnes priorités.

En pratique, ce que je fais personnellement, c’est quand je veux découvrir un nouveau sujet à adresser, je vais lire par exemple les cinq ou six livres autour de ce thème, ainsi que les articles et blogs pour ne pas faire les erreurs que tout le monde a faites.

Donc, je recommande, si vous n’avez pas l’habitude, par exemple, de lire des livres, et d’en faire une habitude journalière.

Quelle est ta définition du Quality Engineering ?

Jean-François : on a déjà eu cette conversation et on a l’impression aujourd’hui il y a plusieurs définitions du Quality Engineering et qui a peut-être des amalgames ? Du coup, pour toi, c’est quoi ta définition?

Antoine : Le Quality Engineering , ce n’est pas de la QA, ce n’est pas du test. Ce que l’on souhaite, c’est créer un écosystème où on fait du Built in Quality. On ne veut pas faire du test pour du test, de la qualité pour la qualité, ce qu’on veut faire, c’est le minimum d’effort globalement pour produire du software qui apporte de la valeur pour le business.

Si je devais donner une définition, c’est tout ce qu’on fait pour délivrer de la valeur métier avec le minimum d’effort pour pouvoir délivrer de la valeur aujourd’hui et grandir demain. Et donc ça passe aujourd’hui, dans les entreprises où le software est au cœur des transformations d’entreprises, par les technologies.

Mais la grande différence qu’on fait avec le Quality Engineering, c’est de produire du software en adressant l’entièreté du système. On adresse des méthodes comme dans les méthodologies agiles par exemple, mais on peut faire des choses sans faire des trucs compliqués dans l’agilité, comme commencer par du Kanban.

On adresse l’architecture avec les technologies en se disant est-ce que j’ai besoin de microservices ou pas ? La plupart du temps, non !. On adresse le management, le leadership pour animer les équipes et driver la transformation. On aligne l’organisation avec l’architecture. Par exemple, ça ne sert pas à grand-chose de faire des Feature teams juste pour faire des features teams. Et on adresse les compétences des gens pour pouvoir collaborer sur l’entièreté de la chaîne et adresser la qualité au maximum.

Du coup, il y a vraiment un changement de paradigme là-dessus qui permet d’avoir la conviction qu’avec le Quality Engineering, on peut construire une application de manière plus simple et plus légère. Mais c’est ce qui va permettre d’aller vite, là où beaucoup de fois on essaie d’aller vite en premier sans qualité. Puis on essaie de courir après des choses qu’on essaie de faire vite. Mais voilà, quand quelque chose n’est pas bien construit, on n’a pas les fondations pour accélérer.

Jean-François : En complément je dirais qu’on voit aussi de la Quality Assistance où souvent les entreprises passent par cette étape-là avant de basculer totalement dans le Quality Engineering afin de rendre autonomes les équipes par la qualité mais ce n’est pas suffisant; c’est ne qu’un point de départ.

Quality at Speed, le nouveau facteur clé de succès et de croissance ?

Jean-François : tu parles souvent de Quality at Speed. Ce qui est un paradigme de dire que ce n’est pas la qualité ou la vitesse mais bien que la qualité va permettre d’aller beaucoup plus vite et de délivrer plusieurs fois par jour en production tout en apportant de la valeur.

La Quality at Speed, finalement, n’est-ce pas le nouveau facteur clé de succès et de croissance pour nos entreprises digitales aujourd’hui?

Antoine : effectivement, on a vu beaucoup d’évolution dans l’écosystème et on parle depuis à peu près plus de quinze ans de DevOps.

La plupart des pratiques veulent des cycles plus courts, d’itération dans la chaîne logicielle. Par contre, ce qu’on voit, c’est que le fait de devoir aller vite génère de la dette technique.

Prenez n’importe quelle application dans le Google Store, Apple Store, etc. …. Si l’application met plus de trois secondes à charger, vous ne l’utilisez plus.

Donc, en fait, le sujet c’est que si vous voulez juste livrer vite, vous faites des changements très mal fait et vous n’avez aucune garantie de l’utilisabilité du changement. Vous ne savez pas mesurer la performance? Il n’y a pas de percée, pas au niveau bas, vous allez perdre les utilisateurs. C’est un sujet de crédibilité et c’est la même chose avec la sécurité. Et donc en fait, on se rend compte que les entreprises, si elles veulent offrir une valeur aux utilisateurs qui vont rester sur la plateforme, sont obligées d’adresser la qualité. Donc en fait ce n’est plus quelque chose d’optionnel. Là où avant on considérait la qualité comme optionnelle en disant livré déjà les fonctionnalités tant bien que mal comme vous pouvez et on verra un peu plus tard pour rajouter la qualité et c’est donc, je pense, ça le vrai changement de paradigme.

Quand on parle d’Amazon, Amazon arrive à équilibrer ça mieux que les autres et à devenir le leader du marché avec une très bonne performance et des enjeux de qualité qui sont au rendez-vous.

 

Est-ce que tous les projets peuvent faire du Quality Engineering ?

Jean-François : on a justement sur le chat des questions qui vont dans ce sens : « ça touche à toutes l’organisation du coup ? Comment embarquer le top management là-dedans ?”

Antoine : justement, je pense qu’effectivement toutes les organisations peuvent faire du quality engineering et je suis convaincu que les entreprises qui sont trop lentes à itérer, sauf si ce sont des institutions publiques, vont finir par disparaître de plus en plus rapidement.

Après, il y a quand même une question de degré à avoir. Je pense que toute l’organisation doit en faire la cible, mais pas tous les projets surtout dans la phase de transition car tous les projets n’ont pas les moyens d’y arriver et avec un niveau de maturité très bas.

Il y a des maturités qu’on est en train de formaliser dans la communauté QE Unit. Donc par exemple, je pense qu’il y a des gens qui se disent qu’il faut forcément faire du microservice ou du cloud. Mais, dans la réalité cela est adapté pour un petit nombre d’acteurs qui ont une taille qui est rarement la taille des entreprises aujourd’hui pour la plupart.

DevOps Werin Group architecture

Sur toute l’organisation, l’enjeu est de réussir graduellement à déployer les meilleures bonnes pratiques pour embarquer au plutôt l’écosystème. Il faut bien sûr un sponsor, mais la cible c’est bien que l’entreprise comprenne qu’il n’y a pas de séparation entre technologies.

Il y a un vrai enjeu aussi de culture, qui est en complément de la gestion des méthodes, architecture, management, organisation, et compétences (MAMOS) pour aller dans la démarche de Quality at Speed.

Est-ce que tout le monde peut faire du QE ?

Jean-François : on a justement des questions sur ce sujet sur le chat:

“Comment faire bouger les organisations pour former les profils, et surtout créer de la valeur ?”

“Que faire quand le problème de qualité est lié aux compétences des équipes?”

Antoine : effectivement, les entreprises n’ont pas encore pris conscience de l’importance de la mise en place du Quality Engineering.

En général, cela passe par 2 approches; soit en montrant des exemples d’entreprises similaires qui ont fait faillite mais cela ne fonctionne que si la culture est là pour accepter ce changement. Soit au moment où un événement majeur impacte l’entreprise comme l’échec d’un projet ou un bug majeur et critique en production.

Ensuite, il faut former les profils pour pouvoir créer de la valeur et capitaliser. Je pense qu’il y a un sujet sur la formation des profils. L’objectif est de réussir à adresser la qualité et de monter le niveau de qualité par défaut sur l’ensemble de la chaîne logicielle.

La formation est un vrai sujet et le management doit faire en sorte de former en continu en analysant les compétences à développer à priorité dans ses équipes pour faire du Quality Engineering, car recruter ne suffit pas.

Mais aussi chaque personne doit être curieuse, se former en lisant des livres et en participant à des communautés autres que celles de son champ de compétences, cela passe aussi par l’investissement de chacun.

Une solution pour accélérer sa montée en compétences est de trouver un mentor.

C’est pour cela que tu as créé QE Unit ?

Antoine : en effet, l’idée est de créer un écosystème de mentorat entre pairs et justement de réussir à faire que n’importe qui puisse s’améliorer, soit en expertise verticale ou bien horizontale dans son dans son système et faire des meilleurs choix pour son entreprise.

Je vous invite donc à rejoindre notre communauté QE Unit comme Jean-françois.

Jean-François : une question complémentaire: “quels livres peux-tu nous conseiller ?”

Antoine : je vous conseille ces 3 livres :

  • Man’s Search For Meaning de Viktor E Frankl pour mettre en place une vision et faire face aux aléas et aux difficultés.
  • Phoenix project de Gene Kim pour éviter des erreurs de transformation
  • 7 Habits Of Highly Effective People de Stephen R Covey pour mettre en place une routine efficace.

Jean-François : Merci Antoine pour cet échange et merci à tous les participants !

Pour information, nous présenterons Comment réinventer nos métiers de la qualité pour le Quality Engineering ? Lors de la ParisTestConf le 15 novembre 2022 à 16h.

Les questions en suspens

Certaines questions n’ont pas pu être répondues pendant notre échange. Nous prenons donc le temps d’y répondre.

Avant tout pour convaincre le top management, il faut trouver un sponsor pour nous aider dans cette démarche .Comme dans toute transformation, si on n’a pas de sponsor, il va être compliqué d’aller un peu plus loin que juste un petit projet.

Il s’agit d’un vrai challenge et c’est pour cela que QE Unit travaille sur cette problématique.

Avec Werin Group, on travaille sur des indicateurs et une approche ROI qui pourraient aider à convaincre car la vraie problématique est de dépasser le point de blocage qui convainc de la rentabilité de cette transformation, qui va améliorer la qualité, le business et la valeur ajoutée et des produits d’une entreprise.

À ce jour, il n’a pas de réponse et de plan d’action actionnable pour convaincre le top management mais nous travaillons activement sur ce sujet.

 

Une stratégie pour accélérer cette transformation est en effet de recruter des profils ayant les compétences nécessaires mais cette démarche n’est pas suffisante. Il est indispensable de former et acculturer tous les membres de l’équipe impactés par cette transformation; sinon il sera difficile d’atteindre cet objectif.

De plus, il faut définir les périmètres prioritaires sur lesquels il faut concentrer la transformation et les nouvelles compétences à acquérir afin de maîtriser les coûts.

Il est vrai que beaucoup d’entreprises qui ont communiqué sur cette transformation ont commencé par de la Quality Qssistance ; c’est le cas d’Atlassian par exemple qui a énormément communiqué sur le sujet.

Mais dans la réalité, c’est une question de contexte et de point de douleur prioritaire à résoudre mais aussi de culture d’entreprise. En fonction du niveau de maturité sur les différents niveaux de qualité engineering, certaines organisations commenceront par la Quality Assistance, d’autres, par du software craftsmanship ou encore par une refonte de l’architecture logicielle en services ou microservices.

À chaque contexte, son modèle de transition pour tendre vers un niveau de maturité optimal.

Werin Group Podcast le live du Quality Engineering

Le live du Quality Engineering : le podcast !

Découvrez l’intégralité de nos Werin Live sur notre podcast : Le Live du Quality Engineering.